À l’instar de l’action humaine créant le paysage, Hugo Bergeron fouille la transformation de l’image : stratification, fragmentation, amalgame, altération, aberration, délimitation, etc. Dans ce spectre, il explore notre relation aux territoires (matériel, virtuel, spirituel), les déterminants de nos structures et les contingences de la vie. Il étudie la contagion historique entre le concept du paysage et le genre en peinture pour mieux comprendre l’évolution de notre perception et de notre conception du monde. Conscient de l’instantanéité, de la mobilité et du progrès, il souligne l’archaïsme d’une pensée (paysage) et d’une pratique (peinture) dans une démarche de la contradiction.
Abordant l’image post-photographique par la mémoire, l’imaginaire et la matière, Bergeron s’inscrit dans une approche fondamentale, sensible et historique du faire. La manipulation de la représentation dirige sa recherche sur la réalité : déstabiliser son emprise, témoigner de sa conjoncture, suspecter son absurdité, exagérer ses merveilles et envisager l’inconnu. Pour confronter notre conformité de la réalité, l’éclatement dans l’image demeure nécessaire.
Hugo Bergeron déplie un processus de création de la complexité. Il alterne les temporalités du faire : l’urgence (l’impulsion) et la lenteur (la subtilité). Son inclination à la générosité oblige une synthèse d’où émerge l’éclectisme, l’hétérogénéité et la surcharge. Il échantillonne le sujet, l’attitude, la hiérarchie et la plasticité du langage visuel. La complicité du corps et de l’esprit dans sa pratique artistique révèle la présence incontournable de la couleur et du dessin : sensible, objective et métaphorique. Son architecture chromatique de l’image est une quête de profondeur au royaume du plat.