Décharges
De tous les arts, la peinture est sans doute le seul qui intègre nécessairement, « hystériquement », sa propre catastrophe, et se constitue dès lors comme une fuite en avant. Dans les autres arts la catastrophe n’est qu’associée. Mais le peintre, lui, passe par la catastrophe, étreint le chaos, et essaie de s’en sortir.
- Gilles Deleuze, Francis Bacon, logique de la sensation, éditions du seuil, Paris, 2002, page 96.
Chaque œuvre de la série Décharges commence par un dessin sculpté dans un pochoir : des fragments d’immeubles, des édifices en ruine qui surprennent par leur symétrie, par l’inversion de leurs plans. Sur ces caches provisoires sont projetées des giclées de couleurs qui abîment et modulent la surface du support placé à la verticale. Dans l’élan brut et à distance, les Décharges sont ces tirs francs sur la toile d’eaux colorées qui, en s’abattant sur le dessin, le font basculer dans le champ de la peinture : une action désinvolte, sans retenue, où la limite entre l’achevé et l’inachevé est difficile à maintenir.
Derrière son apparente simplicité, ce projet tente une mise à distance de l’acte de peindre. L’ensemble des tableaux de cette série constitue une digression sur l’idée d’un système qui réclame simultanément l’accident et le contrôle, qui confronte la matière au dessin, qui repense frontalité et profondeur, qui nie l’horizon et le ciel, mais qui en préserve une lumière. Derrière le déferlement de la matière, je retarde l’aseptisation de ma pratique et prolonge une réflexion sur le lieu, l’isolement et le fragment. Dans cette représentation d’un espace à la fois déserté et envahi, l’influence de nos choix structure l’aménagement de chacun de nos territoires.
- Gilles Deleuze, Francis Bacon, logique de la sensation, éditions du seuil, Paris, 2002, page 96.
Chaque œuvre de la série Décharges commence par un dessin sculpté dans un pochoir : des fragments d’immeubles, des édifices en ruine qui surprennent par leur symétrie, par l’inversion de leurs plans. Sur ces caches provisoires sont projetées des giclées de couleurs qui abîment et modulent la surface du support placé à la verticale. Dans l’élan brut et à distance, les Décharges sont ces tirs francs sur la toile d’eaux colorées qui, en s’abattant sur le dessin, le font basculer dans le champ de la peinture : une action désinvolte, sans retenue, où la limite entre l’achevé et l’inachevé est difficile à maintenir.
Derrière son apparente simplicité, ce projet tente une mise à distance de l’acte de peindre. L’ensemble des tableaux de cette série constitue une digression sur l’idée d’un système qui réclame simultanément l’accident et le contrôle, qui confronte la matière au dessin, qui repense frontalité et profondeur, qui nie l’horizon et le ciel, mais qui en préserve une lumière. Derrière le déferlement de la matière, je retarde l’aseptisation de ma pratique et prolonge une réflexion sur le lieu, l’isolement et le fragment. Dans cette représentation d’un espace à la fois déserté et envahi, l’influence de nos choix structure l’aménagement de chacun de nos territoires.